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Reve Bien

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DemieLune's avatar
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   Impétueuse j'ai été, car j'ai combattu jours et nuits. Des milliers de duels, mais un seul ennemi. Je surmontai tous les obstacles sur mon chemin, comme s'ils avaient été des tremplins pour ma furie. J'ai bataillé tous ses hommes, envoyés pour m'arrêter ; je les égorgeai pour me rendre jusqu'à lui. J'ai moi-même été grafignée, écorchée et blessée, mais je me relevais avec une nouvelle rage, utilisant ma douleur pour gagner un nouveau palier de puissance. Je dévouai cœur et âme, je donnai mon sang et mes larmes, car cette guerre était tout ce que je connaissais de ce monde. Je la débutai très jeune et la poursuivit toute ma vie. Je guerroyai jusqu'à ce que j'acquisse la seule chose qui m'importait : la victoire.
   Gagner avait cependant son prix. De la dernière bataille, entourée de cadavres, je me relevai aveugle. Mon corps était meurtri. Ravagé. Mes mains semblaient dorénavant incapables de manier une épée ; ainsi je perdis l'instrument de ma passion. Mon cœur continua pourtant de battre, mais pour aucune raison.
   Après avoir anéanti mon seul véritable adversaire, je me sentis perdue et misérable. Ma destinée avait toujours été dessinée devant moi, jusqu'à ce point. Voilà que je ne savais plus où aller, je ne savais plus que faire. Surtout, je n'avais plus aucune volonté pour trouver une autre quête, ni aucune conviction de réussir quoi que ce soit d'autre.
   Pour la première fois, je tombai. Ce ne fut pas de la lame de mon rival, ni d'une flèche dans le dos. Je fus vaincue, lorsque la flamme en moi mourut.
   Combien d'épées, d'armure, de chevaux... combien de frères d'armes perdis- je au combat ? Combien de coups ne sus- je parer ? Combien de plaies affligeai-je ? Combien de litres de sang perdu ? ...Combien tombèrent sous ma fureur ? Au point culminant de ma réussite, je réalisai que j'avais perdu plus que je gagnai. J'avais semé la destruction et je récoltais à présent le néant et mes propres cendres.
   J'entrepris de redescendre de cette montagne. Le chemin fut difficile. Chaque racine, chaque rocher, chaque petit animal, avaient l'avantage de me surprendre, car je ne pouvais plus les voir arriver. Je me sentis lâche et vulnérable.
   Je gagnai le cœur de la vallée après d'innombrables efforts physiques, où je découvris un fleuve. Amarré à un quai, se trouvait un bateau féerique. Une femme me révéla qu'elle m'attendait depuis longtemps. Je montai à bord avec ce qui me restait de ma gloire passée : mon épée cassée, mon corps meurtri et mon âme asséchée. Des jours durant, nous voguâmes sur les flots du fleuve. Je n'avais rien à dire. La dame respecta mon silence et ne me parla pas en retour.
   Le temps devint la seule chose que je voyais passer, paresseux et interminable. Je n'avais pas l'impression de pouvoir participer à ce qu'il se passait autour de moi. Je n'étais qu'un fardeau, sinon insignifiante, déchirée... quelqu'un qui aurait dû mourir déjà ; alors je me refermai. Prisonnière de mon esprit et d'un monde sans lumière, je me questionnai sur la vie, la mort, le destin puis, sur des choses anodines. La dame était-elle jolie ? Comment était le paysage autour de nous ? La lune se trouvait-elle toujours dans le ciel ? Jour après jour, je ressentais la frustration de ne pouvoir regarder ce qui passait devant mes yeux morts.
   Puis un matin, je sentis le vent dans mes cheveux. Ce n'était certes la première fois qu'il y avait du vent autour de nous, mais ce fut la première fois que je pris conscience de sa présence. L'eau chantait joyeusement autour de notre esquif. Je sentis le soleil chaud sur mon visage et je savais que la dame me souriait.
   C'est ainsi que je réalisai que j'avais déjà entrepris une nouvelle quête. Une quête que je n'avais jamais imaginée auparavant, une que je n'aurais jamais crue devoir entreprendre : me soigner. Guérir. Comme si j'étais décédée sur le sommet de la montagne, je me sentis nouvellement née dans ce monde. Un monde que je ne pouvais pas voir, mais que je pouvais entendre et sentir. Un monde où j'étais devenue quelqu'un d'autre. Je ne désirais plus compter ce que j'avais perdu ; je souhaitais seulement voir ce que j'avais accompli et me demander comment je pourrais améliorer mon sort.
J'ai jadis rêvé d'une victoire et je l'ai obtenue. Elle n'était en rien ce que j'avais imaginé, mais je l'ai tout de même atteint. Plus que tout, de cette victoire, je trouvai quelque chose d'inattendu, quelque chose de différent, une nouvelle voie, au-dessus de l'eau plutôt que sur la terre ou le roc.
Je croyais naguère que nous étions ce que nous faisons. Sur ce bateau féerique, j'appris qu'en fait, nous devenons ce que nous rêvons d'être. J'entends encore aujourd'hui la voix de la dame me disant:
   Rêve bien mon amie... rêve bien.
   Et tu seras grande.
(English version here: [link] )

Écrit in 2006
(et commence à sonner "vieux style" pour moi! :O_o: :blushes: )

Ceci est une meilleure version d'un texte qui a premièrement germé dans mon journal (première version ici [link]), puis est devenu une "deviation", et finalement a été poussé dans mes "scrap" pour être remplacé par cette nouvelle version.

Ce texte a été écrit pour le concours de :iconfrancophones: sur le thème du "Rêve".

*** Comme je suis présentement en train de travailler sur des projets d'écritures, tout commentaire constructif (positif et surtout négatif!) serait apprécié, pour pouvoir parfaire mon style! ***

En espérant que vous apprécirez! :aww:
Démie
© 2006 - 2024 DemieLune
Comments8
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mimi00's avatar
J'adore!!! Superb... les mots que t'as utilise... wow. :clap: I hope you're proud of yourself! :hug:
(just by the way, these are no accents on this keyboard, so my French may look a lil funny)